Tout est problématique pour Hélène au début de cette histoire. Elle est totalement silencieuse pendant les premières pages, ce qui donne une belle place aux très jolies illustrations, où l’on sent que l’orage gronde autant dans son cœur que dans le ciel. Les relations avec ses parents vieillissants sont compliquées, et elle semble tellement mal dans sa peau que tout lui paraît difficile. Puis les éléments prennent le dessus et personne ne contrôle plus rien. Et dans ce lâcher-prise obligatoire, elle se retrouve, et décide de devenir actrice de sa propre vie. Cette catastrophe est salvatrice pour elle car coincée au milieu de nulle part, elle peut réfléchir, et même si on n’a pas tous les éléments de sa nouvelle vie à la fin de l’album, les opportunités sont là, et à l’image du sauvetage des pompiers, elle va changer forcément pour du mieux… Sa rencontre avec le voisin d’en face (j’adore l’idée de ces deux naufragés dans leurs maisons respectives, qui se font face) et surtout de sa chatte Elise, est une très bonne image de ce changement : car elle commence par être allergique au poil de cet animal puis s’y attache et la sauve avec elle. J’ai apprécié le fait que ce soit un auteur masculin qui décrive à la perfection le comportement et les sentiments d’une femme sous le joug de son compagnon, sans scènes de violence ou de coups car on arrive après. C’est suffisamment rare pour être souligné.
Depuis son 1er album, l’eau est un élément central dans l’œuvre de Jean Cremers : « J’ai dessiné l’eau à son état naturel avec « Vague de froid », l’eau imprévisible et onirique dans « Le grand large », il me restait donc à parler de l’eau qui détruit, qui marque et qui salit. » Cela me donne envie de découvrir la suite de cette trilogie qui était passé inaperçue lors de leur sortie…
Éditeur : Le Lombard – Genre : Roman graphique – Scénario et dessin : Jean Cremers – Date de parution : 16 mai 2025 – 192 pages – Prix : 23,95 €.
