À 14 ans Salim est sur le point d’entrer au lycée. Lui, ce « Roumi » habitant l’immeuble emblématique de sa cité algéroise, rêve de rejoindre la «Tchitchi », la jeunesse privilégiée du pays, celle des walkmans et des baskets Nike Air Jordan, qui ne rate pas un épisode de Beverly Hills ! Mais ses parents ne l’entendent pas de cette oreille et l’histoire de son pays ne va pas lui faciliter la tâche…
À l’heure où l’Algérie bascule dans la guerre civile, Salim Zerrouki raconte sa soif d’émancipation, ses premières amours, les copains et les études, en plein couvre-feu, entre dictature paternelle et dictature militaire, toujours avec la même sincérité et son humour décapant.
L’auteur dresse le portrait personnel, politique et religieux d’une Algérie méconnue et sombre entre 1975 et 2000.
Il m’a fallu attendre presqu’un an pour connaître la suite des aventures du petit Salim.
Je suis toujours subjuguée par la force des évocations qu’il arrive à mettre dans ses dessins ou alors c’est parce qu’il se dégage une belle et réelle sincérité dans son récit autobiographique.
On le suit dans un paysage minimaliste où il continue à rendre compte au fil des années du bâtiment dans lequel il vit qui évolue ou plutôt se dégrade, comme son pays. Mais le personnage principal devient un adolescent avec des hormones qui le titillent et les images affolantes et scandaleuses de l’occident qui arrivent avec les paraboles dans une nouvelle Algérie pleine de contradictions.
La montée de l’intégrisme et des exactions au nom de la religion ne cadrent pas avec une jeunesse qui découvre la sexualité et la musique.
Les gosses du tome 1 ont grandis et on les retrouve avec plaisir dans des antagonismes douloureux. C’est la petite histoire d’un jeune algérien qui nous fait découvrir l’histoire d’un pays par le biais de son quotidien.
Si l’on compare avec les BD de Riad Sattouf rendu célèbre avec son Arabe du futur, Salim Zerrouki est resté dans une approche sociologique à travers son pays ou l’immeuble dans lequel il grandit, tandis que Riad s’est épanché sur son histoire familiale.
Les deux approches m’ont touchée, j’arrête là les comparaisons car il faut lire les deux pour se faire une idée de ce qu’implique grandir auprès d’une religion privant sa jeunesse de libertés, que ce soit en Algérie ou en Syrie. Malheureusement il n’y aura pas de suite à ces années de terreur du petit Salim devenu grand (jusqu’en 2000) car Rwama est présenté par les éditions Dargaud comme un « diptyque ».
Raison de plus pour découvrir les précédentes BD de cet auteur jusqu’alors méconnu en France. Puisse mon engouement y remédier !
Éditeur : Dargaud – Collection : Documentaire – Genre : Biographie – Scénario et dessin : Zerrouki Salim – Date de parution : 24 janvier 2025 – 192 pages – Prix : 23,95€
