Paris 1793 1794 une année révolutionnaire au Musée Carnavalet

Paris 1793 1794 une année révolutionnaire au Musée Carnavalet

Pour la première fois, le musée Carnavalet – Histoire de Paris, de référence mondiale pour ses collections de la Révolution française, prend le parti de singulariser une seule année révolutionnaire, sans doute la plus complexe. 
L’ « An II » du calendrier républicain, correspondant à la période allant du 22 septembre 1793 au 21 septembre 1794, est une année décisive de la Révolution française.

Nous ouvrons sur deux pièces exceptionnelles : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la constitution de 1791 qui furent toutes les deux détruites le 5 mai 1793 laissant place à une nouvelle déclaration et nouvelle constitution et déclaration complétée suite à la Commune et qui mit fin à la monarchie constitutionnelle.

La première mouture de la constitution française
1ère déclaration des droits de l’Homme et d Citoyen

C’est par cet acte que naît la Première République établie par le comité de salut pubic et dirigée par la convention nationale. Robespierre en est le président et il est le personnage majeur de cette exposition.

L’exposition va s’attacher à déconstruire la notion de Terreur associée à cette période et apparue par l’entremise des opposants de Robespierre pour écrire le roman national et asseoir leur propre pouvoir en créant un bouc émissaire.

C’est partie de l’exposition qui devient passionnante explorant en parallèle la vie à Paris durant une année et les expériences sociales créées, les notions explorées en contraste avec une répression et une violence indéniables.

L’exposition est rythmée par des illustrations réalisées par Florent Grouazel et Younn Locard permettant de concrétiser visuellement des éléments dont il ne nous reste que des témoignages écrits.

On ouvre d’abord par les symboles fondateurs de cette 1ère République. Deux martyrs : Marat assassiné pour ses positions politiques et Le Peletier de Saint Fargeau assassiné car il avait voté la mort du roi. Derrière ces deux hommes il y a le peintre David qui les met en scène dans deux tableaux et dont le travail de peinture est éminemment politique et au service du pouvoir en place devenant metteur en scène des processions célébrant les grands hommes de la République.

Ces grands défilés dont le peintre met en scène l’organisation sont là pour constituer et renforcer le pouvoir en place envoyant les restes de Marat au Panthéon en 1793 pour qu’il en soit expulsé en 1795 car n’étant plus un grand homme pour le nouveau pouvoir en place.

On suit dans le même temps le quotidien des français par des documents témoignages de leur vie mais aussi une nouvelle passion naissante. Les reliquaires de morts de la République qui remplacent les saints.
En témoigne un moulage mortuaire du visage de Marat fait sur son cadavre et qui servit à David pour faire son tableau complété par un morceau de sa mâchoire déterré par un étudiant en médecine.

Ces histoires sont le reflet de la vie des citoyens mais aussi la raison pour laquelle nous conservons des témoignages de cette période. Quel meilleur exemple que justement la première déclaration et première constitution écrites, détruites mais conservées précieusement.
Cette exposition met en lumière cette pratique alors que plusieurs reliquaires et pièces morbides mais marquantes sont exposées, telle la lame d’une guillotine provenant d’une collection d’un particulier.

Durant cette période se met en place le système décimal, le mètre, le litre, le kilogramme et même une tentative qui sera abandonnée de journée de 10 heures et de semaine de 10 jours. Nous avons les témoignages des éléments qui serviront de référence pour fixer ces notions de mesures dont l’héritage impacte chacun aujourd’hui.
On tente même de mettre en place une nouvelle forme de religion, l’être suprême, pour attacher les citoyens à la République.
L’abolition de l’esclavage est une première fois prononcée mais sera abolie par Napoléon.

tentative d’horloge de 10 heures

Une salle évoque ensuite ce qu’est la prison à cette époque à savoir un lieu d’attente avant le jugement qui fixe la mort ou l’acquittement. Les témoignages racontent les conditions de vie dedans très disparates selon les prisons et surtout selon les moyens financiers des prisonniers, les plus fortunés semblant plus en résidence surveillée qu’autre chose.

Porte de prison

Septembre 1794 voit Robespierre être renversé par ses adversaires et passé à l’échafaud, prélude à une purge où une centaine de personnes seront décapitées pour laisser la place à une nouvelle autorité politique qui posera Robespierre en ennemi et nommera alors cette période comme la Terreur alors que le bain de sang le plus violent de cette période sera leur prise de pouvoir.

La dernière salle est d’ailleurs la conclusion de cette période et une tentative de déconstruction de ce que l’Histoire nous a été enseigné. Ainsi après analyse un livre dont la couverture était réputée être une peau humaine tannée s’est avéré après analyse être une peau de mouton mais a nourri la légende de la Terreur.

Un tableau d’une femme artiste peintre, Nanine Vallain, et représentant la Liberté conclut la visite rappelant l’importance des femmes qui n’eurent peu l’opportunité de s’affirmer et furent par la suite effacées des livres d’histoire présentant la révolution française comme un fait d’hommes reflet de la misogynie et du sexisme du XIXème siècle qui réécrivit encore les livres d’Histoire et construisit une version de l’Histoire de France non reflet de la réalité mais là pour asseoir et servir le pouvoir politique en place.

Paris 1793 1794 est une exposition passionnante qui nous raconte une page d’Histoire par les témoignages réunis contemporain de cette époque et non par seulement le point de vue des personnes au pouvoir par la suite et ce qu’elles veulent bien que l’on retienne.
Un peu comme quand on dit que l’Histoire est écrite par les vainqueurs on ressort songeur sur ce que l’on nous a enseigné à l’école et comment cet enseignement a évolué depuis nos parents jusqu’à nos enfants et l’impact que le pouvoir politique en place a sur cet enseignement.

L’exposition Paris 1793 1794 débute le 16/10/2024 et s’achèvera le 16/02/2025.

Musée Carnavalet
23 rue de Sévigné
75003 Paris

ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Plein tarif : 13€
Tarif réduit : 11€
Les collections permanentes sont en accès gratuit.
Plus d’informations par ici.

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