Betty Boob de Vero Cazot et Julie Rocheleau

Elisabeth (Betty) est atteinte d’une tumeur au sein gauche et doit subir une ablation.

Dans un monde où l’apparence a toute son importance, elle se voit coup sur coup licenciée par son employeuse et abandonnée par celui avec qui elle partage sa vie.

Mais parce que toute mort est une seconde naissance, elle croise la route d’une troupe de spectacle burlesque qui l’accueille et lui permet de se reconstruire en montant sur scène pour transformer son regard sur le cancer.

Publié pour la première fois en 2018 chez Casterman, Betty Boob est une ode à la vie enlevée et onirique, un récit inspirant et étonnamment comique sur la perte et l’acceptation raconté en grande partie en narration séquentielle muette par Véro Cazot (Olive, Le bal des folles, Le jour du Caillou) et Julie Rocheleau (La Colère de Fantomas, Globetrotteuse) dans une nouvelle édition.

Betty Boob : la sonorité de ce nom ressemble fort à celui de Betty Boop, l’héroïne d’une série de dessins animés américains créée par Fleischer Studios en 1930. La référence glamour avec l’effeuillage burlesque n’est donc pas fortuite. Mais le « boob » en anglais c’est le sein, le nichon. Et il en est fortement question dans cet album singulier, car Elisabeth (Betty en surnom abrégé) va devoir rapidement se séparer de l’un de ses seins pour traiter son cancer, représenté par des crabes. Certes le sujet est grave mais le scénario essaie de se faire léger et drôle (et y parvient). Ce n’est pas à mettre entre toutes les mains cependant.

Car cette BD est muette. Seules quelques « diapositives » écrites en blanc sur fond noir, instillent des informations importantes à la manière du cinéma muet (avec un vocabulaire un peu désuet pour accentuer l’effet : « – Saperlipopette ! Cette perruque n’en fait qu’à sa tête ! ). Le fait qu’il n’y ai aucun dialogue, pas de narrateur, rend la lecture de cet ouvrage magique, avec une très forte imprégnation dans l’histoire. Le lecteur est happé par le silence et les images qui se déroulent. Je n’ai jamais été perdue dans le scénario, tout est limpide même s’il y a beaucoup de scènes oniriques… Les illustrations sont très bien aussi, adaptées au récit pour le côté fantasque, grâce à une liberté du dessin (pas de cadres) remarquable.

Une très belle découverte, car j’étais aussi passé à côté de la première publication chez Casterman. 

Éditeur : Dargaud – Collection : Hors collection – Genre : Roman graphique – Scénario :Vera Cazot – Dessin : Julie Rocheteau – Date de parution : 7 février 2025 –  188 pages – Prix : 19,50 €