Columbusstraße. Une histoire de famille.1935-1945. De Tobi Dahmen.

Une saga familiale pendant la Seconde Guerre mondiale
À partir des témoignages de sa famille, Tobi Dahmen réalise dans ce roman graphique une chronique poignante des années de guerre en Allemagne, qui dépasse largement le cadre privé.
À travers l’histoire de sa famille, il réfléchit de manière saisissante à la mémoire allemande et aux questions de responsabilité politique et personnelle. Avec une grande sensibilité et une recherche minutieuse, Tobi Dahmen signe une oeuvre à la fois profondément émouvante et historiquement essentielle. « Tout en émotion et en nuances de gris, Dahmen dépeint les dilemnes moraux, les souffrances et les choix de sa famille face aux évènements tumultueux de l’époque. »
Le récit est dense, les images sombres, uniquement en noir et blanc, loin de toute fantaisie graphique. Mais le sujet ne prête pas à rire, et les années qui se succèdent sont toutes plus noires les unes que les autres. Nous avons peu l’habitude en tant que lecteurs français, d’être dans la position du peuple allemand qui a subit au quotidien les avancées et les secousses d’un conflit mondial qui leur est tombé dessus. Car la famille de Tobi Dahmen est avant tout catholique, essayant de se frayer un chemin de vie dans un pays qui est en guerre et sous dictature, sans prendre trop position d’un côté comme de l’autre. L’aîné des enfants est bien obligé de devenir soldat, et les plus jeunes sont confiés à des familles d’accueil pour les éloigner de Düsseldorf sous les bombes.
C’est par un très grand travail d’archivage et de recherches que Tobi Dahmen arrive à faire passer le quotidien familial avant celui du pays dans son récit qui est simple, à portée de l’enfant qu’était son père, Karl-Léo, au moment des faits. Il y a très peu de références au sort réservé aux juifs de l’époque car n’étant pas concernés directement, la famille Dahmen semble ne pas trop savoir ce qui se passait pour eux. Il y a aussi une sorte de black-out sur les points « litigieux » que les soldats ne pouvaient aborder dans leur correspondance avec leur famille. Par exemple, un extrait d’un courrier d’Eberhard, le fils aîné soldat, envoyé à ses parents : « En prenant du recul, la moralité de notre peuple est telle que le bon Dieu ne le laissera pas souffrir pour les fautes de quelques individus à son égard. » Il y a des dessins qui parlent plus que tous les discours, une vitrine de commerce juif taguée et vendalisée, ou des individus décharnés, prisonniers, ou des cadavres sous les décombres des batiments détruits, mais on reste dans le récit familial, c’est le parti-pris de l’auteur. Ce n’est pas un problème dans la mesure où il est passionnant déjà ce récit, et comprend 528 pages…

Éditeur : Robinson – Genre : Saga Familiale et Historique – Scénario et dessin : Dahmen Tobi – Date de parution : 23 avril 2025 – 528 pages – Prix : 29,99€