Simenon, La maison du canal de José-Louis Bocquet et Edith

À la mort de son père, Edmée, une jeune fille de 16 ans, quitte Bruxelles pour s’installer chez des cousins, au coeur de la Flandre. Le contraste est brutal entre les lumières de la grande ville et l’ambiance pesante de la campagne flamande, sillonnée de canaux et plongée dans une lumière blafarde. Pour Edmée, le choc est d’autant plus rude que, le jour de son arrivée, c’est le père de sa nouvelle famille qui décède à son tour. Pour ne rien arranger, elle découvre que les finances familiales se révèlent moins florissantes qu’annoncé. Désormais, elle va devoir apprendre à se faire une place parmi ses six cousins et cousines, aux tempéraments si différents. Entre attirance et répulsion, entre lourds secrets et jeux de séduction parfois ambigus, l’atmosphère se délite peu à peu, ouvrant la voie à un drame que rien ni personne ne pourra empêcher…
Dans un récit qu’il considérait comme son premier « roman libre », Georges Simenon explore les tréfonds de l’âme humaine et ses noirceurs. José-Louis Bocquet et Édith en livrent une adaptation qui met à nu l’humanité des personnages, et dans laquelle le graphisme rend presque palpables la pesanteur de leur quotidien et le poids accablant de leur destinée.

J’ai déjà pu découvrir d’autres adaptations chez Dargaud des romans de Georges Simenon mais pas par le même scénariste : https://www.place-to-be.net/bd-comics-manga/bd-franco-belges/la-neige-etait-sale-de-jean-luc-fromental-bernard-yslaire-dapres-georges-simenon/ et https://www.place-to-be.net/bd-comics-manga/bd-franco-belges/les-clients-davrenos-de-jean-luc-fromental-et-laureline-mattiussi-dapres-georges-simenon/.
Il faut dire que Simenon a été extrêmement prolifique et ses histoires sont généralement très psychologiques, cérébrales…
Le personnage principal est certes une jeune fille, mais sa tenue (noire car en deuil) et son allure (cheveux tirés, visage fermé), ont du mal à donner une image positive d’Edmée. Elle est sensée être désirée par les deux frères qui sont ses cousins, mais ne semble pas si désirable que ça, ou du moins ne fait pas les efforts escomptés par sa condition d’orpheline ayant besoin de protection pour se mettre en valeur. Il reste toujours un côté glauque dans ce que dit Edmée ou dans ce qu’elle fait. Ensuite, la région n’est pas très attractive non plus, du point de vue de la météo, s’il ne pleut pas c’est qu’il neige (!) et l’horizon reste gris. On sent dès le départ que ça ne peut que mal tourner, mais le suspens reste entier jusqu’au bout. (Je n’ai pas découvert qui serait le cadavre avant la fin).

La BD est ensuite suivie de deux pages de notes et d’explications biographiques concernant l’homme Georges Simenon, qui posent le récit de cette maison du canal dans la réalité familiale de cet illustre auteur de romans policiers dits noirs ou durs.

Éditeur : Dargaud – Collection : Simenon, les romans durs – Genre : Adaptation d’un roman policier – Scénario : Bocquet José-Louis d’après Simenon Georges – Dessin : Edith – Date de parution : 26 septembre 2025 – 96 pages – Prix : 22,95 €