Seidou en quête d’asile de Xavier Bétaucourt et Virginie Vidal
Il s’appelle Seidou. Pour sauver sa peau, il a quitté son pays, la Guinée. À 33 ans, Seidou n’avait jamais quitté son pays et n’envisageait pas de le faire. Après des études supérieures et avec un bon boulot d’agent commercial en poche, il vivait heureux, à l’aise financièrement. Mais après les élections présidentielles et les persécutions dont furent victimes les Peuls, il devient l’un des meneurs d’un mouvement de protestation violemment réprimé par le pouvoir. Il apprend qu’il est devenu un homme à abattre et décide donc de s’enfuir. Il pense partir à Bamako, attendre que les choses se tassent puis rentrer. Mais les choses ne se passent pas comme prévu… Niger, Libye, Sicile… le parcours est tristement classique. Sur le sol européen, c’est une autre épopée qui débute, souvent passée sous silence, celle de la demande d’asile.
Le récit n’est pas chronologique mais très compréhensible. Les allers-retours dans les faits antérieurs et les souvenirs de Seidou donnent beucoup de rythme à ce récit, et le choix des couleurs des planches (ocre et rouge pour tout ce qui concerne l’Afrique et bleu pour ce qui se passe en Europe) très judicieux, un bon repaire. Le résumé de l’histoire de Seidou n’est pas drôle, mais il ne faut pas pour autant passer à côté de ce très beau récit de vie, de la vie d’un migrant qui pourrrait être LE migrant type. On s’attache forcément à lui, héros d’une épopée malgré lui, et de ses compagnons d’infortune. On ressent les dangers, on retient sa respiration avec eux. Comme le narrateur se place du point de vue de Seidou, cela entraine une certaine empathie, obligatoirement mais ce n’est pas non plus une apologie à la migration ou à l’entraide aux migrants. Les faits sont là, indéniables, on ne quitte jamais son pays de gaieté de coeur, et la vie dans un pays qui ne veut pas de vous est très difficile. Le thème de cette BD n’est cependant pas à mettre entre toutes les mains, d’après l’adage populaire, « âmes sensibles s’abstenir ».
Les illustrations sont très réalistes, photographiques, empreintes d’une douceur qui atténue l’apreté du propos, et jolies.
Éditeur : Steinkis – Genre : historique – Scénario : Xavier Bétaucourt – Dessin : Virginie Vidal – Date de parution : 25 février 2021 – 126 pages – Prix : 18 €.