Libérez la parole !
Melinda a 15 ans. Ce soir d’été, au beau milieu d’une fête, la jeune fille est victime d’un drame. Elle appelle la police. Personne ne saura jamais pourquoi elle a lancé cet appel, ni ce qu’il lui est arrivé cette nuit-là. Tout simplement parce que Melinda, murée dans son silence, ne parvient pas à l’exprimer…
Le dessin en noir et blanc est à la fois sobre par le manque de couleur, mais aussi esthète. Il donne un aspect épuré et très travaillé dans les ombres par exemple. La couverture présage un mélo plein de larmes, il n’en est rien. Le sujet du drame n’est abordé que très tardivement dans le récit et par petites touches très subtiles. C’est le quotidien d’une ado mal dans sa peau qui est retracé, et l’on ne focalise pas sur l’événement fondateur de ce mal-être car Melinda est dans un mutisme, salvateur pour elle, au début du récit. Le déroulement est lent mais c’est le prix à payer pour un long cheminement vers une rédemption très attendue par le lecteur pris, emporté, dans ces affres adolescentes. Le dénouement est très fort, il m’a fait monter des larmes d’émotion.
Le scénario est tiré du roman éponyme, l’autobiographie de Laurie Halse Anderson qui a parfaitement su rendre ses émotions de petite fille qui avait 13 ans au moment du drame. Ce roman graphique n’est pas à mettre dans toutes les mains, il pourrait être un peu trop pris au pied de la lettre par des ados trop jeunes. Mais il peut ouvrir sur un débat avec l’adulte sur un sujet difficile, mis en lumière depuis l’affaire «Me Too» aux Etats-Unis dont sont issues les deux auteures.
Editeur : Rue de Sèvres – Genre : Roman graphique – Scénario et Dessin : Emily Carroll – D’après un roman de Laurie Halse Anderson – Date de parution : 9 janvier 2019 – 376 pages – Prix : 20 €
