Jazz, politique et décolonisation s’entremêlent dans ce grand huit historique qui révèle un incroyable épisode de la guerre froide. En 1961, la chanteuse Abbey Lincoln et le batteur Max Roach, militants des droits civiques et figures du jazz, interrompent une session du Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre l’assassinat de Patrice Lumumba, Premier ministre du Congo nouvellement indépendant. Dans ce pays en proie à la guerre civile, les sous-sols, riches en uranium, attisent les ingérences occidentales. L’ONU devient alors l’arène d’un bras de fer géopolitique majeur et Louis Armstrong, nommé “Ambassadeur du Jazz », est envoyé en mission au Congo par les États-Unis, pour détourner l’attention du coup d’État soutenu par la CIA…
Dans une approche mêlant musique et témoignages exceptionnels, Johan Grimonprez dans une page d’Histoire étonnante. La musique jazz devient une arme politique et Louis Armstrong se retrouve bombardé ambassadeur de la paix de l’ONU tout en étant un pion de la CIA ourdissant un complot en pleine décolonisation du Congo.
Le summum est d’avoir tout ceci documenté par le témoignage audio de Nikita Khrouchtchev.
La réalité semble dépasser la fiction tant cette histoire est rocambolesque.
C’est surprenant, passionnant et documenté par des témoignages exceptionnels.
Je suis resté sans voix tout du long sidéré de ce nous apprend le travail de recherche accompli par le réalisateur.
Du point de vue de ces artistes afro-américains, encore sous le joug de la ségrégation, et qui deviennent les instruments des autorités américaines voulant préparer un coup d’état pour contrôler le Congo essayant de sortir des horreurs de la colonisation et qui veulent porter un message de paix par leur musique, c’est une véritable poudrière qui ne peut qu’attiser leur désir de revendiquer leurs droits civiques.
Soundtrack to a Coup d’Etat a été nommé à l’oscar 2025 du meilleur documentaire.
Genre : documentaire – durée : 2h30 – Date de sortie : 1er octobre 2025 – Distributeur : Les Valseurs
