Hotel Salvation réalisé par Shubhashish Bhutiani
« Hotel Salvation n’est pas une question de mort, mais de vie et de relations qui font de nous ce que nous sommes. » S. Bhutiani – Réalisateur du film.
Devant la demande de son père, aussi bizarre qu’inattendue, de se rendre dans la ville sainte de Varanasi pour y mourir et ainsi atteindre le salut, son fils n’a d’autre choix que de l’accompagner dans ce voyage. Leur périple se transforme peu à peu en quête existentielle, autour des mystères de la vie, de la mort, et des relations entre un père et son fils.
Daya (Lalit Behl), un vieil homme, sent que son heure est venue et souhaite se rendre à Varanasi (Bénarès), au bord du Gange, dans l’espoir d’y mourir et atteindre le salut. A contrecoeur, son fils Rajiv (Adil HUSSAIN) l’accompagne, laissant derrière lui son travail, sa femme et sa fille.
Arrivés dans la ville sainte, les deux hommes louent une chambre à l’Hôtel Salvation, un endroit réservé aux personnes en fin de vie. Mais le temps passe et Daya ne montre pas de signe de fatigue. Or le directeur de l’établissement a été formel : au bout de quinze jours, ils devront laisser la place aux nouveaux arrivants. Cette attente inopinée est enfin l’occasion pour le père et son fils de se connaître et de se comprendre.
Ce film est l’occasion de plonger dans la culture hindou et son rapport à la mort, très éloigné de celui de nos sociétés occidentales. De plus il nous permet de découvrir l’une des 7 villes sacrées de l’hindouisme et les rites qui y sont liés. Varanasi (anciennement Benares) est une ville dédiée à Shiva et le centre urbain le plus anciennement continuellement peuplé au monde (la fondation légendaire daterait de 3000 ans avant notre ère mais plus probablement 1800 avant JC d’après les fouilles archéologiques. La caractéristique de cette ville est que toutes les berges du Gange sont aménagées en escalier (ghats) permettant l’accès au fleuve afin de procéder à des rites et ablutions. La religion hindouiste est basée sur le principe de la réincarnation (humaine, animale, végétale, minérale) et la particularité de Varanasi est que le croyant qui y meurt après y avoir accompli les rites lui permettant d’atteindre le Salut peut obtenir la libération du cycle de réincarnations (Samsara). De fait si Varanasi est en effet un lieu intimiment lié à la mort celle-ci n’est pas considérée comme lugubre mais comme une célébration de la vie des personnes s’y rendant.
Ceci dit le film aborde ces sujets avec simplicité et le thème du film est moins la mort et la tristesse que la libération et la paix avec soi-même et avec ses proches. Daya sent que sa fin est proche et veut partir à VARANASI et à l’occasion de son séjour avec son fils va pouvoir régler les conflits qui existaient entre eux. Si la tristesse de la perte du proche est toujours là c’est en quelque sorte le fait de se préparer au deuil pour les vivants qui vont rester que le film met en avant. Pour autant Hotel Salvation offre des passages plus légers et dépeint une galerie de portraits hauts en couleur tant dans la famille de Daya que dans les autres résidents de l’hôtel.
Pour une première réalisation (Shubhashish Bhutiani a tout juste 26 ans quand il travaille sur ce film), Hotel Salvation est une réussite : un métrage touchant sans tomber dans la sensiblerie et qui réussit à atteindre aussi bien le public oriental qu’occidental par une grande humanité.
Ce film a reçu le Prix de la critique au Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul 2017 .
Genre : Comédie dramatique – Nationalité : Indienne – Date de sortie : 02 mai 2018 – Durée : 1h35 – Avec Adil Hussain, Lalit Behl et Geetanjali Kulkarni – Distributeur : Jupiter Films – La bande-annonce.