Au Quartier Général, le centre de contrôle situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans, cinq Émotions sont au travail. À leur tête, Joie, débordante d’optimisme et de bonne humeur, veille à ce que Riley soit heureuse. Peur se charge de la sécurité, Colère s’assure que la justice règne, et Dégoût empêche Riley de se faire empoisonner la vie – au sens propre comme au figuré. Quant à Tristesse, elle n’est pas très sûre de son rôle. Les autres non plus, d’ailleurs…
Lorsque la famille de Riley emménage dans une grande ville, avec tout ce que cela peut avoir d’effrayant, les Émotions ont fort à faire pour guider la jeune fille durant cette difficile transition.
.Présentation Festival de Cannes 2015 Hors Compétition.
.Oscar 2016 de Meilleur Film d’Animation.
Après un petit passage à vide et quelques critiques, Pixar revient avec un de ses plus beaux films.
Le génie de Pete Docter, réalisateur de Là-Haut et Monstres et Cie, est en action et irrigue ce chef d’oeuvre du début à la fin. En quelques minutes, il réussit à installer son histoire, esquisser les différents enjeux et présenter tous les personnages en nous y attachant sans aucun effort avec cette simplicité déconcertante, marque des plus grands cinéastes.
Une simplicité d’apparence puisque de la mise en scène à l’écriture, du montage à la musique, tout transpire la créativité et l’inventivité.
La majeure partie de l’histoire se passant dans le cerveau de Riley, le film aurait pu se perdre dans des explications et des complications inutiles. Or, tout est clair, amené de façon ludique, amusante et même poétique.
On avance dans les méandres de la mémoire sans se perdre, avec à chaque fois des détails et des situations qui font écho à notre propre vie, aux petits tours que notre cerveau peut nous jouer, à nos humeurs, et à nos souvenirs. Attendez vous à rire énormément mais aussi à verser quelques larmes au détour de scènes infiniment justes qui réveillent en nous les souvenirs appropriés pour nous bouleverser. Même si nos histoires diffèrent, Riley représente chacun d’entre nous, nos vies sont parsemées de moments similaires, d’expériences semblables, et de sentiments identiques.
S’identifier à elle, c’est se souvenir de l’enfant que nous étions, de cette période de l’enfance qui s’estompe peu à peu pour s’éveiller à un monde plus réel. C’est la fin d’une époque qui s’ouvre à une nouvelle et qui dans son sillage chamboule notre vie. C’est la phase où on fait le deuil de cet enfant et où l’on expérimente des émotions beaucoup plus complexes.
On est tous passé par ces différents stades et le film nous y (re)transporte de manière ingénieuse et délicate en grande partie grâce aux Émotions.
L’énergie de Joie est communicative, elle insuffle à l’intrigue une tempête de bonne humeur et un rythme effréné. Tristesse avec sa nonchalance et sa mauvaise foi permet la création de séquences drôles et décalées.
Colère, avec son caractère impétueux et impulsif, représente efficacement cette petite voix qui nous pousse à faire des choses qu’on peut parfois regretter.
Dégoût est l’incarnation de la diva qui sommeille en chacun de nous tandis que Peur est attachant avec ses manières gauches.
Chacun à leur manière apporte une touche d’humour redoutablement efficace, transcende leur fonction première pour activer chez le spectateur d’autres sentiments qui le mènent du rire aux larmes avec subtilité.
Des Émotions qui vivent plusieurs émotions qui nous émeuvent, Pixar nous offre un Inception émotionnel, dans un cadre fun et animé. Il faut insister sur les trouvailles de la mise en scène, qui grâce à une histoire nous transportant dans divers espaces, ouvre un vaste champ des possibles pour Pete Docter qui s’éclate avec une caméra virtuose, des idées ingénieuses, mélangeant parfois les différentes techniques d’animation. Sans aucune exagération, on peut dire que le film est sublime et merveilleusement magnifique.
Il est aussi un hommage au cinéma, à l’imagination et aux rêves tout en étant sans doute l’un des films les plus pertinents sur la mémoire et l’enfance. Pixar est le maître de l’animation et nous le prouve encore une fois. Il faut aussi signaler que les bandes annonces sont d’une rare intelligence, ne dévoilant quasiment rien de l’intrigue principal en nous permettant ainsi d’aller de surprises en surprises et d’Émotions en émotions. Enfin, petit coup de gueule pour finir à l’encontre des responsables de la sélection hors compétition. ViceVersa méritait la compétition et sans doute la Palme d’or. Il faudrait arrêter de considérer l’animation comme à part et se rendre compte que quand la qualité est au rendezvous, le grand cinéma l’est aussi.
PS : Disney peut envisager d’ouvrir un parc d’attraction uniquement dédié à ce film tant il fourmille d’idées et d’ingéniosité.
Meilleur Film d’Animation au Golden Globes.
Titre original : Inside Out – Genre : Animation familiale – Nationalité : Américaine – Durée : 1h34 – Avec les voix originales de Lewis Black, Phyllis Smith, Mindy Kaling, Bill Hader et Amy Poehler – Avec les voix Française de Mélanie Laurent, Pierre Niney, Charlotte Le Bon, Marilou Berry et Gilles Lellouche – Date de sortie en France : 17 juin 2015.