Les Monologues du Vagin de V mise en scène d’Aurore Auteuil

  «Pourquoi reprendre « Les Monologues du Vagin » pièce écrite par V (Eve Ensler) jouée dans le monde entier depuis près de trente ans ?

J’aurais aimé vous dire que c’est par pur plaisir de pouvoir partager avec vous ce texte révolutionnaire avec une nouvelle vision et une nouvelle adaptation.
La vérité c’est que l’on a beau scander haut et fort à qui veut bien l’entendre les inégalités et sensibiliser sur la féminité, le monde, à ce sujet incandescent, reste encore et toujours sourd et mutique, embrasé d’une bienveillance anesthésiée. Il faut donc continuer à porter une parole qui s’épuise et épuise. Continuer de porter la parole avec humour et beaucoup d’amour.

À travers ce cortège d’injustices il y en a une que V (Eve Ensler), grande féministe, a souhaité souligner. Elle voulait, je cite, «n’oublier aucune femme et a donc écrit pour les femmes transsexuelles ».

En découvrant son texte m’est venue naturellement l’idée de donner vie à ses mots à travers le corps la bouche et le cœur d’une d’entre elles. Celle qui s’est débattue avec ce que la nature, à contre nature, avait fait d’elle. Celle qui a vu le jour petit garçon et s’est donnée naissance elle-même en devenant mademoiselle.

C’est donc avec beaucoup de respect, d’humilité, d’honneur et de bonheur que nous vous présentons cette pièce drôle, poignante, incisive et nécessaire. » 

Aurore Auteuil  

Une mise en scène sobre alors que les 3 actrices Galia Salimo, Camille Léon-Fucien et Aurore Auteuil nous font face enchainant les témoignages de femmes alternant échanges et saynètes en monologues sert d’écrin à un texte d’une force rare.

On alterne moments légers et passages beaucoup plus graves évoquant le rapport des femmes de tous âges à leur sexe, au plaisir, au sexe, aux hommes, aux autres femmes.

Le texte est d’une intensité et densité rare prends aux tripes régulièrement évoquant abus, viols, vivisections mais aussi s’illumine en contraste à l’évocation du plaisir, du désir et de la joie de briser le tabou de parler de sujets que le patriarcat n’a eu de cesse de faire taire et induire un sentiment de honte pour mieux contrôler les femmes.

Eve Ensler dite V a créé cette pièce en 1996 avec des règles très précises pour les prochaines productions de suivre scrupuleusement le texte, de jouer bénévolement et verser les recettes à une association qui lutte contre les violences faites aux femmes. Enfin les interprètes doivent être des femmes.

Sur ce dernier point V ne cantonne pas les femmes à leur vagin vu qu’un des textes évoque le mal-être et les souffrances des femmes trans. Le titre même de la pièce pourrait induire une vision binaire des femmes mais prend le temps de montrer que les choses ne sont pas si simples.

Le propos du vagin et sa raison d’être dans le titre même de la pièce est aussi lié au fait que nos sociétés patriarcales ont laissé à croire que le fait que des personnes aient des organes sexuels externes les rendaient supérieurs aux personnes ayant des organes sexuels internes et que l’on devait juger sale et laid le vagin.

Les monologues du vagin revendiquent la beauté de celui-ci quand une saynète évoque une femme qui a honte de son vagin mais se met à l’aimer en rencontrant un amant qui l’admire par cette partie de son corps qu’elle repoussait. De même une autre scène évoque les poils et la volonté de certains hommes que les femmes les rasent avec les inconvénients qu’elles seules subissent suite à ce diktat qu’une femme ne doit pas avoir de poils.

Je connaissais le texte mais c’était la première fois que j’en voyais une mise en scène et Galia Salimo, Camille Léon-Fucien et Aurore Auteuil m’ont emporté par leur interprétation et la force de leur voix.

Studio Marigny
Théâtre Marigny
Carré Marigny
75008 Paris

A partir du 13 octobre tous les lundis et mardis 20h.