Interview Cédric Biscay – scénariste du manga Blitz

Interview Cédric Biscay – scénariste du manga Blitz

A l’occasion de la sortie en avant-première du tome 5 du manga Blitz lors du salon Paris Manga 30ème édition, Place to Be a eu l’opportunité d’interviewer Cédric Biscay, le scénariste et producteur de la saga et fondateur de Shibuya Production, société de production de jeux vidéo, dessin animé, évènementiel.

Q : Un manga sur les échecs ce n’est pas commun surtout au Japon, pourquoi l’avoir choisi?

R: Au Japon c’est effectivement le Shogi. J’ai toujours rêvé de faire du manga et je ne suis ni dessinateur ni scénariste donc aucun des rôles clé dans la création du manga. Il me faut donc une histoire forte sur une thématique forte, donc les échecs qui sont un jeu internationalement connu, avec une scénarisation différente. J’ai pensé directement à Kasparov, une légende du milieu, pour crédibiliser le manga.

Q: Y a-t- il une communauté japonaise autour des échecs ?

R: Le manga est dispo au japon dans le Shonen Jump Plus donc pas mal de lecteurs là-bas. Pour le moment, il n’y a pas de grosse communauté et j’adorerais que blitz aide à faire percer les échecs au japon même si je pense qu’il faudra pour cela une adaptation en animé.

Q: Pour ce projet, vous êtes entouré d’une co-scénariste et d’un dessinateur japonais, comment se passe cette collaboration ?

R: Il faut savoir s’entourer. J’écris l’histoire et l’univers et la co-scénariste m’aide dans l’écriture des dialogues. Je voulais absolument un dessinateur japonais car sinon pour moi ce ne serait pas du manga.

Sur la collaboration, ce n’est pas simple. J’écris l’histoire dont je discute avec ma co-scénariste. Je reçois ensuite le storyboard que je valide (les personnages, les angles etc). Tout cela passe par de l’interprète, ne parlant pas japonais. Google traduction est notre ami.

Q: Comment se passe la collaboration avec Kasparov ?

R: Cela se passe super bien. Il me donne des conseils sur certaines parties spécifiques, il a aussi accepté d’apparaître dans le manga dans son propre rôle. Il parraine complètement le manga. C’est génial. Cela ajoute un véritable cachet d’authenticité.

Q: Est-ce que le covid a eu un impact sur cette collaboration ou sur la sortie des tomes ?

R: On sort un tome tous les 4 mois et le tome 1 juste avant le premier confinement. Donc c’est très dur. Donc pendant 4 mois on a fait 0 vente car on ne passe pas par Amazon. Malgré cela, il a très vite été rattrapé au moment du déconfinement.

Q: On est désormais à la sortie du tome 5. Savez-vous déjà combien de tomes sont prévus ?

R: Dans ma tête, j’ai de quoi faire 25 tomes. J’essaie d’écrire à l’avance. Je viens de finir l’écriture du tome 9. Je peux tout de même revenir sur l’histoire du 8 du moment que les dessins n’ont pas démarré. J’aime bien avoir l’avis des lecteurs et les prendre en compte comme le système japonais.

Q: On parlait d’adaptation en animé, est-ce envisageable voir envisagé à l’heure actuelle ?

R: Déjà c’est un rêve et l’on a déjà des propositions de producteurs japonais et européens. Cela est à l’étude et rien n’a été signé mais on y réfléchit.

Q: Est-ce que la sortie de la série Netflix, Le jeu de la dame a eu un impact sur Blitz ?

R: C’est difficile à évaluer car la série a eu un impact sur tout l’univers des échecs. La série est sortie en même temps que le tome 2 donc la série était déjà en place mais cela a certainement dû avoir un impact. D’ailleurs, durant les confinements, les jeux de société ont aussi connu une croissance et en particulier les échecs qui depuis a été streamer sur Twitch etc.

Q: C’est votre première incursion dans le manga en tant que scénariste. Néanmoins, vous êtes aussi producteur du titre. Comment jongler entre la casquette du scénariste qui aimerait avoir plus de pages pour développer son histoire et celle de producteur qui cherche à optimiser au maximiser ?

R: Il faut être schizophrène je pense. Après, on n’est pas dans l’industrie du cinéma où tout coûte cher. Dans le mange, les coûts sont relativement plus faibles donc on a plus de flexibilité. Donc le budget ne sera pas trop impacté si je veux rajouter deux pages en plus. Sachant qu’au vu de la concurrence très forte dans cette industrie, il faut absolument se démarquer et livrer un volume qui tienne la route. C’est pour cela que l’on a beaucoup de bonus pour qu’il soit le plus appréciable possible.

Q: Si vous le permettez, j’aimerais aborder la création de Shibuya Production. A quel moment vous vous êtes dit qu’il y avait une place à prendre pour faire le lien entre la France et le Japon ?

R: Mon cas est assez particulier. J’étais fan de jeux vidéo et de dessins animés. Il s’avère que ceux que j’aimais le plus étaient en provenance du japon. Je m’y suis intéressé et je voulais vraiment y aller et c’était assez compliqué il y a 25 ans. La première fois que je suis allé au Japon, j’en ai évidemment pris plein les yeux. Mais j’ai surtout compris que les japonais et les occidentaux ne se comprenaient pas, qu’ils n’avaient pas les codes pour se comprendre. C’est à ce moment-là que je lance ma première entreprise pour faciliter les liens entre les pays, sans forcément s’y connaître. Il n’y avait pas de formation spécifique. Je me suis alors retrouvé à travailler dans des secteurs très divers comme la chimie fine, énergie renouvelable, mode, satellite. Récemment, il y a à peu près 7 ans, Shibuya production fait désormais de la production d’anime, de jeux vidéo, de l’événementiel.

Q: Paris Manga est le premier salon pop-culture à revenir. Comment s’est passée l’annulation des éditions précédentes du MAGIC ?

R: On a annoncé que l’édition de 2022 sera reportée. Le Japon étant encore fermé à l’heure actuelle avec des quarantaines au retour etc. L’événement se passant en février, cela n’est pas possible et les garanties sanitaires ne sont pas encore là. Pour MAGIC, en plus des invités japonais, il y a un grand concours de cosplay dont de nombreux participants viennent d’Amérique du Sud qui est un territoire où le covid est très actif. Je ne veux pas faire un événement au rabais, je veux être fier de ce que je propose donc je le report est la seule solution.

Q: Comment s’est déroulée l’organisation du MAGIC Kyoto ?

R: Ayant une entreprise sur place, un jour, mon équipe me dit que le maire de la ville de Kyoto voudrait me rencontrer. Ce qui n’arrive jamais. J’arrive à la mairie et je rencontre le maire qui avait d’ailleurs mis le drapeau monégasque dans son bureau. Il me dit qu’il avait entendu parlé du MAGIC et qu’il voudrait en faire la même chose ici. Premier réflexe, je pense à une caméra cachée, mais il était bien sérieux. Je dis oui directement, tellement c’est extraordinaire. Cela s’est enchaîné très vite. J’ai pu faire inviter Frank Miller (scénariste phare des comics Batman qui ont inspiré la trilogie de Nolan). L’année suivante, la princesse impériale japonaise est venue. Heureusement que j’ai des photos car sinon personne ne me croirait. On a vraiment réussi quelque chose d’extraordinaire.

Q: D’ailleurs, vous avez été depuis décoré par le ministère des affaires étrangère japonais.

R: C’était dingue ce qu’avait fait le ministère. C’est une très grande fierté d’autant que le Japon ne donne pas facilement ce type de décorations.

Q: Petites questions bonus à propos des futurs projets en cours de développement chez Shibuya Prod. On sait qu’il y a Jean-David Morvan qui est sur une suite d’Astroboy ainsi que Didier Tarquin planche sur Albator. Y a-t-il de nouveaux éléments à nous communiquer ?

R: Pas de dates pour le moment, on continue de travailler sur les projets qui suivent leurs cours à leurs rythmes.

Merci beaucoup pour votre temps et cet échange très intéressant !

Interview faite durant Paris Manga 30ème édition

Synopsis du manga Blitz :

Tom, jeune collégien, a un coup de cœur pour la belle Harmony. Apprenant que celle-ci se passionne pour les échecs, il décide de s’inscrire au club du collège. Mais il n’en connaît pas les règles ! Il n’a donc pas le choix : il doit tout apprendre et s’entraîner sérieusement.

Très vite, il découvre l’existence de Garry Kasparov, le plus grand joueur de l’Histoire des échecs. Lors de ses recherches Tom tombe sur une machine de réalité virtuelle qui va lui permettre d’analyser les parties les plus mythiques du maître !

Un événement inattendu va alors ouvrir à Tom les portes du très haut niveau des échecs, et ce malgré lui…

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