Les gratitudes écrit par Delphine De Vigan

Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre.
Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un mot. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui. Les confidences. Et la peur de mourir. Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c’est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas.

Presque chaque jour Marie rend visite à Michka dans son petit appartement. La vieille dame vit seule, elle est encore autonome, même si il y a eu des signes avant-coureurs, des mots sur lesquels elle butait, ou qu’elle ne trouvait plus. Jusqu’au jour où elle ne sait plus se lever, et où il faut que Marie l’aide à se lever pour qu’elle retrouve sa mobilité. Dès lors elle ne peut plus rester seule, et va devoir partir en maison de retraite. Chaque week-end Marie va venir la voir, et dans la semaine elle va avoir des rendez-vous avec Jérôme, un orthophoniste chargé de l’aider à retrouver le langage qu’elle perd peu à peu, utilisant des mots à la place des autres.
L’autrice fait alterner les récits de Marie et de Jérôme et nous fait découvrir Michka de deux points de vue différents, mais toujours pleins de tendresse pour cette petite femme qui s’enfonce peu à peu dans un monde où elle ne peut plus s’exprimer, elle qui a été correctrice dans un journal.

Dans son nouveau roman Delphine De Vigan s’intéresse à la reconnaissance, au merci. Michka, qui sent que bientôt elle ne pourra plus parler, veut retrouver un couple qui l’a sauvée de la déportation alors qu’elle était enfant. Car elle veut, avant de partir, pouvoir dire merci et exprimer sa gratitude.
L’ensemble est plaisant, le découpage entre les deux personnages, très attachants, qui racontent donne du relief au récit, et l’histoire est très émouvante, et en même temps universelle. Michka c’est notre mamie à tous.

Editeur : JC Lattès – Date de parution : 6 mars 2019 – 192 pages – Prix : 17 €.

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