Mosquitoland écrit par David Arnold
Je m’appelle Mary Iris Malone, et je ne vais pas bien.
1. Ma mère est partie.
2. Elle est malade.
3. Mon père a une copine.
4. Il me croit folle.
5. Et je ne vous parle même pas du GROS SCOOP…
Alors j’ai décidé de prendre la route.
Distance à parcourir : 1 524 km.
Mim, Mary Iris Malone (Mary pour la mère de mon père, concession de ma mère en échange d’adjoindre un nom de fleur dans mon prénom !) ne va pas bien. Ses parents ont divorcé et elle a été contrainte de partir pour Jackson – Mississippi – avec son père et Kathy, sa nouvelle femme.
Depuis trois semaines la correspondance avec sa mère s’est interrompue et Mim est très inquiète. Alors, quand elle surprend une conversation qui lui apprend que sa mère est gravement malade, la décision s’impose à elle comme une évidence. Elle va partir la retrouver à Cleveland. Seulement c’est à 1524 kms de Jackson, qu’elle déteste et qu’elle surnomme Mosquitoland.
Commence alors un road-movie cahoteux, qui, de bus en pick-up, va conduire notre héroïne vers son but.
Le voyage sera ponctué de très belles rencontres : Arlène, la vieille dame qui sent les cookies, et qui prend Mim sous son aile pour un bout de voyage, Walt, le jeune trisomique qui vit seul, abandonné par sa famille, Beck un jeune étudiant mystérieux. Mais la route est aussi remplie de dangers : l’accident, toujours possible, Poncho Man, le dépravé sexuel, Caleb le voleur.
La grand force de l’auteur c’est d’être en prise totale avec la réalité, de ne rien occulter des joies de la route, mais aussi de ses dangers.
Deux fils conducteurs se croisent et se complètent dans ce très beau roman : les lettres que Mim écrit à Isabel (sa tante défunte ? Une autre Isabel ?), et le récit qu’elle fait de son road movie.
Les lettres nous montrent une autre Mim, à l’écoute d’elle-même et à l’écoute du monde qu’elle tente de décrypter. Le récit du road-movie nous montre son évolution au fur et à mesure des rencontres qu’elle fait.
Au fil des pages on apprend à connaître Mim, et ses multiples problèmes. Sa tante Isabel était folle et s’est suicidée, Mim elle-même est soignée pour des troubles mentaux, rééls ? fictifs ? Difficile à dire même pour les psychiatres. Sa mère a disparu et la jeune fille veut comprendre ce qui se passe. Et c’est aussi une ado – elle a seize ans – qui découvre que son coeur peut se mettre à battre et s’éveiller à l’amour, ce qui l’aide à comprendre et accepter ce qui a pû arriver à ses parents.
Ce très beau roman, très sombre, très réaliste, fait la part belle aux problèmes de l’adolescence, mais pas seulement. Il aborde des thèmes comme la différence, la schyzophrénie, les voyous, les pervers. Et en même temps c’est très vivant, souvent assez drôle, très bien écrit, avec un vrai suspense jusqu’à la fin où on saura enfin ce qu’est le GROS SCOOP.
Un roman pour ados qui ne prend pas ses lecteurs pour des attardés mentaux incapables de s’intéresser à autre chose qu’aux créatures surnaturelles ou aux romances. Un auteur qui respecte ses lecteurs et qui lui concocte un superbe roman âpre, réaliste et tellement touchant.
Bref un roman à mettre entre toutes les mains, ados et adultes y trouveront leur compte !
Pour les plus jeunes un accompagnement sera sans doute nécessaire mais pourra constituer la base de discussions en famille.
Editeur : Milan – Collection : Romans ados – Traduction : Maud Ortalda – Date de parution : 22 mars 2017 – 352 pages – Prix : 15,90 €.