Un goût de cannelle et d’espoir écrit par Sarah McCoy
Fille de militaire, Sarah McCoy a déménagé toute son enfance au gré des affectations de son père. Elle a ainsi vécu en Allemagne, où elle a souvent séjourné depuis. Résidant actuellement à El Paso au Texas, elle y donne des cours d’écriture à l’université tout en se consacrant à la rédaction de ses romans.
Un goût de cannelle et d’espoir (Les Escales, 2014) est son premier ouvrage publié en France. En 2016 a paru Un parfum d’encre et de liberté chez Michel Lafon. Tout deux sont repris chez Pocket. Son dernier roman sorti en 2017 Le Souffle des feuilles et des promesses est son troisième ouvrage publié en France.
Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa sœur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l’armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d’insouciance. Jusqu’à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps… Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d’une pâtisserie allemande, celle d’Elsie… Et le reportage qu’elle prépare n’est rien en comparaison de la leçon de vie qu’elle s’apprête à recevoir.
Un goût de cannelle et d’espoir c’est avant tout l’histoire de deux femmes, à travers deux époques que soixante années séparent. C’est aussi l’Histoire de notre monde à travers la rencontre de ces deux femmes et de leurs destins… J’ai été subjuguée par la plume de Sarah McCoy, ce livre en plus d’être beau, criant de réalisme et bien documenté est un bijou littéraire. Il est si bien écrit, tellement plein d’émotions. L’alternance de passages narratifs, de dialogues, d’interviews, de lettres est très plaisante. Le changement régulier d’époque nous permet de saisir tous les parallèles que l’auteure cherche à nous faire relever. L’histoire d’Elsie en Allemagne nazie m’a toute retournée… Au fil des pages on sent la transformation, l’évolution de notre héroïne qui devient une femme lucide, forte mais toujours si attachante. J’ai craqué pour le petit Tobias… j’ai frémi à de nombreuses reprises, j’ai été happée par cette histoire si bien contée. J’ai dévoré les pages les unes après les autres en sentant les effluves de la boulangerie venir chatouiller mes narines et parfois même percevoir les saveurs en bouche des douceurs d’Elsie ou de sa Mutti… Je me suis peut-être sentie, paradoxalement, un peu moins proche de Reba, qui représente sans doute trop l’archétype de la femme Américaine moderne avec ses caprices et son incapacité à prendre des décisions… Mais son histoire avec Riki, garde-frontière au Texas qui voudrait venir en aide aux clandestins mexicains, malgré lui, donne du rythme au récit et offre à l’auteure la possibilité de nous donner une incroyable leçon de vie sur l’aide que l’on decide de donner à notre prochain.
La fin est savoureuse… Les pages de mon livre elles-même se souviendront des larmes qu’il m’a tirées, gondolées à jamais. Tous les ingrédients sont réunis pour nous transporter et nous faire vivre intensément cette fresque que Sarah McCoy a écrite avec ses tripes.
Ce livre est comme un Shnecken (roulé à la cannelle) : une spirale historique infernale, pleine de saveurs, douces et épicées, qui laisse un souvenir impérissable, à déguster avec envie et à s’en lécher les doigts. C’est une de mes plus belles lectures, toutes confondues… Je l’ai tellement aimée que je n’avais pas envie de quitter les personnages et je me suis empressée d’aller acheter le second roman de l’auteure pour y espérer très vite retrouver son style et deux nouveaux destins croisés de femmes passionnantes, sur fond historique.
A la fin de l’ouvrage on découvre les recettes de douceurs Allemandes qui nous ont fait saliver tout au long de l’histoire… Quelle idée de génie ! Je n’ai qu’une envie c’est de me mettre en cuisine pour essayer de réaliser ses Lebkuchen et retrouver l’esprit d’Elsie…
Editeur : Pocket – Collection : Collector à tirage limité – Date de publication : 02 novembre 2017 – Traduit de l’Anglais (États-Unis) par Anath Riveline – 512 pages – Prix : 9 €.