Une vie en mouvement écrit par Misty Copeland

Un prodige. C’est ainsi que la qualifie Cindy, sa professeur de danse, lorsqu’elle voit Misty Copeland s’élancer pour la première fois sur ses pointes. Rien ne semblait pourtant destiner cette jeune fille née dans un foyer instable, fan de Mariah Carey et de hiphop, à intégrer le monde élitiste de la danse classique. A force de persévérance et de sacrifices, elle parvient à gravir les échelons de sa discipline jusqu’à atteindre son rêve : le prestigieux American Ballet Theatre. Mais il lui faut d’abord vaincre le plus insupportable des préjugés : être noire dans l’univers fermé des ballerines immaculées.

Misty Copeland est née en 1982 à Kansas City (Missouri). Elle a tout juste deux ans quand Sylvia Delacerna, sa mère, embarque ses quatre enfants et quitte Doug Copeland. Misty ne reverra son père que presque vingt ans plus tard ! Deux maris plus tard, la famille est passée à six enfants. Et finalement c’est seule que Sylvia finira d’élever sa tribu. Toute l’enfance de Misty sera caractérisée par ces changements permanents de lieux de vie et de famille. Harold lui tiendra lieu de père pendant quelques années mais ses problèmes d’alcool feront partir Sylvia alors que Misty n’a que sept ans. C’est une enfant nerveuse et perpétuellement inquiète. Sa place centrale dans la fratrie est difficile à assumer, d’autant qu’elle souffre d’une intense timidité. Fan de la gymnaste prodige Nadia Comaneci, c’est naturellement la gymnastique qui l’attire. Toute seule, grâce à une incroyable souplesse, elle réalise roues, ponts, grands écarts. Mais le reste l’indiffère et elle réalise qu’elle ne sera jamais gymnaste. Fan de Mariah Carey, elle écoute en boucle ses chansons en dansant ce qui était déjà des chorégraphies.

Quand Misty arrive au collège Dana, sa vie va changer : elle auditionne pour intégrer l’équipe de pom-pom girls de l’école et décroche le poste de capitaine ! L’entraineuse, qui perçoit de suite l’immense potentiel de Misty, lui conseille de prendre des cours de danse. Et c’est ainsi qu’à treize ans Misty découvre la danse classique, à un âge où les futures ballerines sont déjà très avancées, et intègre l’école de danse de San Pedro. Cynthia Bradley, la professeure, est impressionnée par la jeune élève dont le corps est absolument parfait pour la danse. Elle propose alors à Sylvia de prendre Misty chez elle pour lui éviter de longs allers-retours et qu’elle puisse se consacrer à la danse. Au prix d’un travail acharné, Misty rattrape son retard sur ses camarades, venues à la danse dès leur plus jeune âge, et, seulement quelques mois plus tard, est capable d’exécuter des pirouettes, des sauts et de monter sur pointes.

Choisie par le San Francisco Ballet pour un stage d’été, avec tous ses frais payés, Misty se voit proposer d’intégrer leur école de danse. Mais c’est le moment où sa mère décide de la faire revenir au sein de sa famille, malgré le désaccord de Cynthia. Va alors s’en suivre une période difficile pour Misty, un procès très médiatique opposera les deux femmes. Sa mère gagne et Misty quitte l’école de Cinthia pour celle de Diane Lauridsen. Là elle va inlassablement perfectionner sa technique, ce qui lui permet l’été suivant d’être acceptée au stage d’été de l’American Ballet Théâtre, le plus prestigieux établissement des Etats Unis, équivalent du Bolchoï ou de l’Opéra de Paris. A l’issue du stage elle est retenue pour intégrer la Compagnie Studio, l’école de danse de l’ABT avec bourse pleine et s’installe à New-York.

Elle a seize ans et, grâce à un travail acharné et à des dispositions innées impressionnantes, son rêve commence à se réaliser. Remarquée dès ses débuts, la jeune fille est promise à un bel avenir quand tout s’écroule sur une fracture de fatigue d’une lombaire. Six mois de corset, six mois de rééducation et Misty est de retour. Elle quitte alors la Compagnie Studio pour intégrer le corps de ballet lui-même. C’est une gigantesque promotion et son avenir s’annonce radieux. Pourtant tout a changé pour elle, elle est devenue une femme, et son corps a changé, ses seins se sont développés, ses hanches se sont galbées et elle ne correspond plus aux caratéristiques de la ballerine classique, elfe évanescent aux membres fragiles et à la peau d’ivoire. La jeune femme va alors devoir lutter pour faire accepter un physique hors normes dans le monde fermé du ballet.

Nommée soliste en août 2007, elle danse des œuvres de chorégraphes contemporains, ainsi que des pièces du répertoire classique. En 2009, Prince lui demande de danser dans le clip de  » Crimson and Clover « .

Mais c’est en 2012 que sa chance explose : elle est retenue pour un premier rôle principal dans L’Oiseau de feu, chorégraphié par Alexeï Ratmansky. Six mois avant la première représentation, des signes alarmants se font jour : Misty souffre de la jambe gauche, mais l’enjeu est tel qu’elle relègue cette douleur, et sollicite encore plus son corps pour être à la hauteur du rôle. Le soir de la première, elle peut à peine marcher tant la douleur est intense, pourtant elle s’élance sous les projecteurs, portée par une volonté incroyable. Je fais tout cela pour les petites filles à la peau brune se dit-elle. Car depuis lontemps elle est victime d’un racisme latent, la couleur de sa peau de métisse n’étant pas acceptée par tous dans le monde fermé du ballet classique. Sa prestation est plus qu’un succès, le public est debout, en pleurs. Deux jours plus tard, le diagnostic tombe : le tibia est fracturé en six endroits et doit être opéré. Sept mois plus tard Misty, au prix d’une incroyable volonté et d’un soutien sans faille de ses amis et de ses professeurs, est de retour sur scène.

En juin 2015, l’American Ballet Théâtre nomme trois nouvelles premières danseuses : Misty Copeland est l’une d’elle, la première afro-américaine à connaître une telle consécration et à devenir danseuse-étoile.
Le soir de sa nomination, elle est de retour en studio pour travailler, car : Aux yeux du monde j’étais différente, mais je me sentais telle que j’avais toujours été : une danseuse tâchant de faire le mieux possible ce qu’elle aime. Et quand on interroge Misty sur ses projets, sa seule réponse, c’est : répéter.

Un parcours atypique, totalement incroyable, une danseuse éblouissante, et en même temps tellement normale. Issue des couches populaires, métisse, timide et renfermée, Misty Copeland est devenue l’une des plus grandes étoiles de la danse.
J’ai adoré lire l’histoire de sa vie qu’elle raconte avec beaucoup de pudeur, mais aussi avec ses tripes et ses larmes. C’est une vraie leçon de vie qu’elle nous dévoile au fil des pages.

Et pour ceux qui ne connaissent pas cette éblouissante danseuse, voici un petit film qui montre quelques facettes de son incroyable talent.

Misty Copeland Révolution

Editeur : 10/18 – Traduction de l’anglais américain : Johan-Frédérik Hel-Guedj – Date de parution : 18 mai 2017 – 336 pages – 8,40 €

Broché : 18 € – E-book : 13,99 €

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