Fêtes et kermesses au temps des Brueghel au Musée des Flandres à Cassel (Hauts de France)

Fêtes et kermesses au temps des Brueghel au Musée des Flandres à Cassel (Hauts de France)

Alors que l’Europe célèbre en 2019 le 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien (1510/1520 – 1569), le musée de Flandre prend part à cet évènement avec une exposition ambitieuse portant un éclairage inédit sur les Fêtes et Kermesses au temps des Brueghel.

À lui seul le nom de Pieter l’Ancien évoque l’image des kermesses endiablées avec les paysans qui dansent, boivent, ripaillent au son de la vielle et de la cornemuse… Et pourtant à ce jour on ne dénombre que trois kermesses et noces villageoises peintes par le maître ! C’est sans doute les nombreuses copies, reprises et versions réalisées par ses successeurs et en particulier ses fils Jan et Pieter qui ont nourri le formidable engouement pour la fête bruegelienne.

L’innovation de Pieter Bruegel l’Ancien réside avant tout dans sa manière d’appréhender l’espace et les personnages car la fête est un motif présent bien avant lui dans les gravures et les peintures. Cette figure emblématique a longtemps porté ombrage à ses fils et successeurs qui méritent aujourd’hui de ne pas être réduits à de simples imitateurs.

Pieter II Brueghel est certainement l’exemple le plus significatif. Maîtrisant parfaitement le vocabulaire de son père, il parvient à modeler de nouvelles compositions toujours en vogue dans le premier tiers du 17e siècle alors que le baroque fait son entrée triomphante en Flandre.

Parallèlement à la fête Bruegelienne apparaissent d’autres représentations telles que la parabole du fils prodigue qui relance en quelque sorte les scènes galantes médiévales. Les sujets et les styles s’affranchissent des modèles Bruegeliens, preuve une fois de plus que l’art Flamand est pluriel et foisonnant. Cette fantastique liberté de création qui anime la Flandre des 16e et 17e siècles fonde l’image de ce territoire profondément humaniste et convivial. Plus d’une centaine de toiles, gravures et instruments de musique en provenance de musées prestigieux et d’importantes collections privées seront joyeusement réunis pour cette exposition évènement.

Elle investit, pour la première fois depuis la réouverture en 2010, la totalité du musée de Flandre (1000 m2).

L’exposition s’articule à travers le musée en plusieurs thématiques évoquant successivement le contexte des débuts de Bruegel, la fête bruegélienne et enfin la thématique de la fête galante.

A travers une grande variété de supports, tableaux, gravures, croquis et même enluminures, le thème des fêtes et kermesses est évoqué.

Mais nous sommes loin de l’image que l’on pourrait avoir en l’associant aux visions de celles-ci aujourd’hui.  La fête de la seconde moitié du XVIéme et du début du XVIIéme siècle est liée à la religion tant par le fait que des processions religieuses ont lieu et qu’en parallèle elles sont l’occasion de se libérer du carcan de la religion pour quelques temps en s’en moquant et osant une impertinence non autorisée le reste. C’était une sorte de soupape de liberté accordée dans un quotidien qui était extrêmement codifié.

Dans les œuvres de Bruegel père et fils et leurs contemporains cette thématique prend des formes variées mais où l’on retrouve des motifs et des thèmes récurrents tels que :

Les noces : la thématique du mariage est traitée avec un grand sens de la satyre. La mariée y est souvent laide et ne s’amusant guère au milieu des convives cernée de part et d’autre par sa mère et belle mère. Elle ne mange et ne boit pas mais est le personnage central de la fête assise au milieu de la tablée avec 3 couronnes la surplombant. Des fois avec ironie on évoque la virginité de la mariée en peignant l’une des couronnes de travers.

La danse : elle peut prendre la forme de farandoles, de danse des œufs de danses à deux ou à plus. C’est aussi clairement un moment de séduction entre les partenaires.

La procession : c’est la partie religieuse de la fête mais elle est souvent en retrait dans les compositions.

La fête paysanne : c’est souvent le thème le plus mis en avant.  Les gens boivent et accumulent les comportements incorrects et provocateurs, vomissant, déféquant où se rendant dans les deux lieux majeurs représentés dans les tableaux : la taverne et la maison close.

Ces lieux sont d’ailleurs facilement reconnaissables. La taverne arbore souvent la bannière de la procession religieuse (au lieu d’associer cet élément à un édifice religieux) flottant aux vents et la maison close a une enseigne représentant un cygne, souvent un duo de moines se dirigent vers cette dernière pour y rencontrer les dames à l’affection négociable y oeuvrant.

Une fois que l’on connaît ces motifs chaque tableau devient un jeu où la composition fourmillante de personnages cache tous ces éléments et bien d’autres. Cet aspect de l’exposition prend toute son ampleur dans une des salles où un écran interactif face au tableau « La Kermesse villageoise avec un théâtre et une procession » de Pietre II Brueghel propose de jouer à trouver des détails de scènes de tableaux avec mêmes des niveaux de difficultés. C’est ludique et totalement à propos avec le thème de l’exposition et les œuvres de l’art flamand qui se prêtent totalement à cette approche.

L’exposition expose quelques merveilles dont une superbe Fête villageoise de Jan I Brueghel datant de 1600 aux couleurs sublimes mariant un paysage d’une grande délicatesse traversé par la fête du titre. L’auteur utilise avec génie la plaque de cuivre support de l’œuvre pour apporter de la lumière au tableau.

L’Hôtel de la Noble Cour, écrin du Musée de Flandre et de cette exposition est un très beau bâtiment historique du XVIème siècle à la mesure de cette exposition qui met en avant une belle et riche collection d’œuvres de manière didactique.

Du 16 mars au 14 juillet 2019 – Musée des Flandres à Cassel (Hauts de France) : 26, Grand’Place, BP38 59 670 Cassel – 03 59 73 45 60 – Courriel : museedeflandre@lenord.fr – Le Musée de Flandre se situe sur la Grand Place de Cassel à 40 minutes de Lille et 35 minutes de Dunkerque en voiture (accès par l’autoroute A25 – Tous les jours de 10h à 18h sauf le 01 mai – Réservations au 03 59 73 45 59 ou via reservations.museedeflandre@lenord.frwww.museedeflandre.fr.

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