Ils ont tué Léo Frank de Xavier Bétaucourt et Olivier Perret

Ils ont tué Léo Frank de Xavier Bétaucourt et Olivier Perret

Dans ce récit tout est vrai. L’affaire, l’emballement de la presse, les mots, terribles, prononcés au procès, le témoignage, au crépuscule de sa vie d’Alonzo Mann… La résonance avec l’époque actuelle aussi…

 

1913. Le corps de Mary Phagan, 14 ans, est retrouvé dans l’usine dans laquelle elle travaillait. Elle a été étranglée. Près d’elle deux bouts de papier sur lesquels, agonisante, elle aurait écrit que son violeur et assassin est un homme noir. La police identifie rapidement deux suspects : Leo Frank, le patron de l’usine qui est le dernier à l’avoir vue vivante et Jim Conley, balayeur, noir, surpris en train de laver une chemise tachée de sang… Qui du jeune et riche patron juif venu de Boston ou du pauvre employé noir illettré sera inculpé ?

L’affaire est très documentée et nous plongeons directement au cœur de cette Amérique raciste et antisémite de début du siècle. Les témoignages sont foison et l’affaire est traitée de telle façon que l’on ne peut que se rendre à l’évidence… Léo Frank a reçu un procès expéditif qui ne tenait pas compte de tous les éléments. C’est pour ça que le titre de cette BD ne souffre d’aucune ambiguïté, les auteurs vont démontrer que l’affaire Léo Frank est une erreur judiciaire. Les sentiments de chacun sont très bien montrés. Comme le souligne les éditeurs, cela n’a pas beaucoup changé depuis. Le prologue qui revient sur des évènements datant de 2017, à Charlottesville montre la permanence de ces faits, de ces effets de groupe qui décomplexent le sentiment de supériorité et de bon droit du suprématisme blanc. C’est donc une BD engagée avant d’être historique. Le sujet s’y prête, obligatoirement, et ne profite pas de l’ère du temps.

Les dessins sont dans les tons ocres de la terre rouge du Sud de l’Amérique et les personnages sont très vivants, on dirait des photos, un reportage. Il y en a des photos, du procès, des acteurs du procès, et même de l’exécution, car il paraît qu’elle a été vendue en cartes postales.

J’aimerais pour finir donner la parole au fondateur de la maison d’édition qui a publié cet ouvrage car c’est assez éloquent sur la lecture que l’on peut en faire. « Dans un monde où une information chasse l’autre, où le plus grand nombre est connecté, où il est parfois complexe de démêler le vrai du faux sans aucunement céder aux sirènes trompeuses du complotisme, où les idéologies ont montré leurs faiblesses et parfois leurs inhumanités, Steinkis éditions a vocation à apporter une lecture des évènements à hauteur d’Homme. Une lecture qui part de l’aventure individuelle, de l’expérience humaine, de la figure de l’Autre, pour que l’Homme reste bien la mesure de tout et non un grain de sable substituable, soumis aux aléas.

Parce que chaque vie compte, les ouvrages de Steinkis racontent les vies. Le plus souvent celles de ceux que l’on ne voit pas, les Invisibles, qui n’ont pas moins à partager. Des moments, des trajets de vie qui nous touchent, nous font réfléchir et grandir dans notre compréhension de l’âme humaine. » Moïse Kissous.

Une maison à suivre donc.

Éditeur : Steinkis – Genre : Récit historique – Scénario : Bétaucourt Xavier – Dessin : Perret Olivier – Date de parution : 20 février 2020 – 112 pages – Prix : 18 €

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