La ride de Simon Boileau et Florent Pierre
Une « ride » – à prononcer (« raïde »), bien sûr ! – c’est une balade en vélo. Simon et Florent racontent la première impulsion, celle qui donne envie de larguer les amarres (pour une durée déterminée) et expérimentent qu’ « on ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui nous fait », comme l’a écrit l’immense écrivain voyageur Nicolas Bouvier. Un voyage en vélo façon buddy movie et pieds nickelés, de Paris à la Bourgogne, le tout en 5 jours, c’est aussi une manière d’aborder le territoire différemment, et de se retrouver un peu au bout du chemin !
« La Ride » est née. En 2020, le duo remporte le premier prix de BD numérique au Festival d’Angoulême. Ces adeptes de la longue distance se lancent alors, tête dans le guidon, dans une épreuve d’endurance d’un autre type, l’écriture d’un album. Ligne d’arrivée : mars/avril 2023. « Une ode à la liberté et au plaisir éternel du vélo, qui nous incite à lever le pied tout en continuant à appuyer sur les pédales. Ce qui n’a rien de contradictoire… »(Dargaud)
Au premier abord, je n’étais pas convaincue par la tête des personnages, où l’on ne voit pas trop les yeux et les expressions, des visages assez minimalistes. Mais finalement, on s’y fait, et les illustrations des paysages, très détaillés pour le coup, sont magnifiques. Le périple est magique car outre l’exploit sportif (il faut les faire les kilomètres à enquiller tous les jours quelque soit le temps), Simon et Florent rencontrent des gens singuliers, tous plus sympathiques les uns que les autres, et c’est une véritable aventure qu’ils vivent et auquel ils nous convient. On a vraiment l’impression d’une immersion, on participerait presque avec eux. Et surtout, l’histoire ne semble pas être totalement terminée car il semblerait que les deux amis se réservent la possibilité de repartir, réguliérement… et ça donne une grande bouffée d’air frais dans leur quotidien et dans celui du lecteur par ricochet. Cette BD m’a fait penser à l’émission de télévision « Nus et culottés » (France 5) par le fait que ce soit aussi deux amis, Nans et Mouts, qui partent avec une destination en objectif et n’ont aucune idée de comment ils vont y arriver. Ces expériences sont avant tout sociales car c’est dans l’intéraction avec les gens rencontrés que la richesse du voyage s’exprime, et même dans la rencontre avec eux-même. J’ai beaucoup apprécié le fait que cette épopée soit libre de contraintes (financières, idéologiques, temporelles…). Cela donne un sentiment de liberté qui est partagé entre les auteurs qui ont vécut le voyage avant de nous le restituer, et le lecteur.
Éditeur : Dargaud – Collection : Hors collection – Genre : Roman graphique – Scénario : Boileau Simon – Dessin : Pierre Florent – Date de parution : 21 avril 2023 – 108 pages – Prix : 18€