L’alcazar de Simon Lamouret

L’alcazar de Simon Lamouret

Inde, de nos jours, dans le quartier résidentiel d’une grande ville…

Sur le chantier d’un immeuble en construction coexistent une dizaine de personnages venus des quatre coins du pays : Ali, le jeune ingénieur inexpérimenté, Trinna, un contremaître intransigeant, Rafik, Mehboob et Salma, manœuvres provinciaux rêvant de lendemains meilleurs… mais aussi Ganesh et sa bande de Rajasthani, carreleurs hindous aux accents conservateurs qui viennent grossir les rangs de ce chantier supervisé par un jeune et riche promoteur.

Ce petit théâtre offre une vue microscopique de l’Inde contemporaine, où se côtoient langues, religions, chefs et larbins dans une précarité toujours portée par un vent tragi-comique. Et, à mesure que l’immeuble s’élève laborieusement, les rêves et ambitions de chacun se heurtent et s’entremêlent dans ce paysage humain et urbain à couper le souffle.

Simon Lamouret de 2013 à 2018 a vécu en Inde, à Bangalore pour enseigner le dessin. En 2017, il publiera un carnet de voyage ou croquis de la ville de Bangalore. Fort de cette expérience, il réitérera et tirera le meilleur parti pour créer un album très réaliste. La situation, les personnages et ce qui leur arrive doivent avoir une grande part de réalité car on suit la construction d’un immeuble, L’Alcazar, de ses fondations à son emménagement par les locataires. Ce sont les personnes qui ont permis de l’ériger qui nous racontent cette aventure comme une épopée, avec des rebondissements et du suspens… Est-ce que le marbre d’Italie va arriver à temps pour être posé ou va-t-il être remplacé par du marbre indien ? L’architecture de l’immeuble est un élément narratif en soi qui a ses propres épisodes. Et puis il y a la vie autour, on s’attache aux personnages, surtout à Rafik, Mahboob et Salma qui vivent sur place dès le départ, sous une bâche, sur le chantier.

L’Alcazar permet à un auteur occidental, français, de dénoncer l’exploitation faite dans le milieu du bâtiment indien, même si on sait déjà que dans ce pays extrêmement pauvre, où la population au chômage est tellement nombreuse, il est facile d’exploiter quiconque. Mais il le fait avec une vraie histoire et de l’humour. Ce qui m’a surpris c’est que des femmes participent à ces chantiers, pour accompagner leurs maris, vivre avec eux et les nourrir, mais aussi pour travailler, à moindre coût bien sûr… Bref c’est un bon « documentaire » qui nous apprend des choses tout en nous distrayant. Le but recherché dans chaque lecture non ?

Éditeur : Sarbacane – Collection : Broché – Genre : Société -Scénario et dessin : Lamouret Simon – Date de parution : 02 septembre 2020 – 208 pages – Prix : 25 €.

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