Les voleurs de beauté de Philippe Thirault et Manuel Garcia d’après l’œuvre de Pascal Bruckner
Leur jeunesse est un crime. Leur beauté, une malédiction.
Un soir d’hiver, Benjamin et sa fiancée Hélène sont pris dans une tempête de neige et trouvent refuge dans un chalet où un avocat aux allures de vieux beau vit avec sa femme et un petit homme repoussant qui leur sert d’homme-à tout-faire. Ils sont bien accueillis, mais peu à peu, un poison se mêle au charme. Fasciné et épouvanté à la fois, Benjamin va découvrir par mégarde le secret des lieux : un boyau humide et souterrain où leur Barbe-Bleu d’hôte et ses complices enferment des êtres coupables d’un seul crime : la beauté. Horrifié, hésitant entre l’incrédulité et la panique, Benjamin se retrouve alors pris au piège du trio monstrueux…
Philippe Thirault et le dessinateur espagnol Manuel Garcia adaptent le roman suave et cruel de Pascal Bruckner qui lui valut le prix Renaudot en 1997. Cette violente allégorie sur la jeunesse, la beauté et le sexe n’a rien perdu de son actualité à une époque obnubilée par le culte de l’apparence…
J’avais beaucoup aimé ce roman à l’époque de sa sortie et j’avais peur d’être déçue par une adaptation qui aurait pu prendre des raccourcis pour parler de la futilité de la beauté en nos temps où « l’image de soi » est devenue si importante. Mais le scénario ne s’attarde pas trop sur ces aspects du récit, plus sur l’effroi ou l’épouvante suscités par la séquestration des jeunes prisonnières quand Benjamin les découvre, puis celui de l’infirmière à laquelle il se confie. Le dessin renforce le côté oppressant de l’histoire, en situant la scène dans des contrées enneigées et isolées. Enfin, le côté sulfureux du roman est bien retranscrit, avec des scènes dessinées assez chaudes, impliquant suffisamment de voyeurisme pour que l’on en soit vite dégoûté… Le scénario est implacable, comme l’était à l’époque l’œuvre de Pascal Bruckner, c’est une bonne transcription, un peu morbide, juste ce qu’il faut ! Bref une vraie réussite, une très belle adaptation.
Éditeur : Glénat – Scénario : Philippe Thirault d’après l’œuvre de Pascal Bruckner – Dessin : Manuel Garcia – Date de parution : 24 octobre 2018 – 64 pages – Prix : 14,95 €