Nos rives partagées de Vincent Zabus et Nicoby

Nos rives partagées de Vincent Zabus et Nicoby

Ils sont six que rien ne rapproche. Simon est prof et il doute. Son métier doit-il se résumer à inscrire des notes sur des bulletins ? Diane cherche à se reconstruire après une opération, à se sentir femme sans se sentir regardée. Nicole agite sa retraite à militer, même si sa fille ne veut plus lui parler. Vieux et usé, Pierre s’emmerde chez lui. Jill est une ado. Elle hésite entre garçons et filles… et elle envie Hugo qui – lui – sait, mais sans succès. Rien ne les rapproche sauf le rivage partagé avec une faune intriguée, qui observe ces gens empêtrés dans leurs drames, grands ou petits mais si typiquement humains. Chronique sensible, « Nos rives partagées » narre des existences pas si ordinaires et qui ressemblent aux nôtres. Car même quand le tragique rôde, la vie peut être belle.

J’ai été très intriguée au début par l’alternence avec le récit des animaux parlants autour de la mare et de celui des personnages humains. « Le monde commence au pied de mon nénuphar » dit le crapeau. Et les hommes et les femmes qui partagent ce monde, le village tranquille de Dave Rivage, ne se rendent même pas compte qu’ils sont observés, critiqués, et qu’ils frôlent la catastrophe écologique lorsque l’eau de la rive monte sans surveillance. Le crapeau espère créer un nouveau monde avec ces habitants, et il est aidé par une mouette qui les survolent en douceur, d’une chouette qui les trouvent exotiques, d’araignées qui ricanent devant la mort, et d’un chat… On s’attache aux personnages et cette mise à distance dans leur observation par les animaux ne m’a pas emballée. Le récit se balade en zigzag d’un humain à l’autre. On se demande au début comment Vincent Zabus va pouvoir faire le lien entre tous, car ils ont des univers très singuliers, solitaires en général, ils sont énigmatiques. Enfin, les illustrations sont très fortes. Celles de la faune et de la flore sont magnifiques, colorées, en contraste total avec la simplicité des gens du village, dans des petites vignettes d’aquarelle formant des entêtes de chapitres. Et celles du village et de leurs habitants sont très figuratives, presque photographiques, rendant un parfum de monotonie. Ce récit est singulier, poétique, mais au final je l’ai beaucoup aimé.

J’avais adoré en 2020 la BD de Vincent Zabus intitulée Incroyable co-écrite avec Hyppolite, chez Dargaud, qui parle de solitude aussi, et des relations entre humains. Un auteur à suivre donc…

Éditeur : Dargaud – Genre : Roman graphique – Scénario : Zabus Vincent – Dessin : Nicoby – Date de parution :  5 avril 2024 – 160 pages – Prix : 22€

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