Dans un village d’Afrique, les gens se rassemblent dans un bâtiment pour une audience dirigée par la Commission de Vérité et Réconciliation. Au centre, le jeune Tamba, 16 ans, est invité à témoigner de sa participation aux violations des Droits de l’homme dans ce pays qui se remet difficilement de la guerre et qui cherche à comprendre et à pardonner pour se reconstruire. Tamba : « J’avais huit ans lorsqu’on m’a kidnappé… »
L’histoire est prise à rebours puisque le jeune Tamba raconte devant une sorte de tribunal comment il en est arrivé là. Avec l’histoire d’Aceyta et celle d’Awa, l’auteur dresse un panel de différents scénarios où le thème difficile des enfants soldats est vu sans aucun misérabilisme. Pourtant ces tranches de vie sont bouleversantes et pleines d’émotions. L’un s’enorgueillit de ses faits de guerre en collectionnant une cauri à chaque cadavre, l’autre subit l’esclavagisme sexuel, et Tamba surnage dans cet océan d’absurdité, en prenant soin d’Awa et de son enfant lorsqu’ils se retrouvent dans le camps de réfugiés.
Les couleurs des dessins de la guerre sont crues, pétantes, contrastant avec celles du tribunal, qui restent grises. Il y a aussi l’univers des rêves, ou plutôt des cauchemars, qui prend des teintes bleutées, couleur nuit sombre. Bref, chaque ambiance a sa couleur dans cet album, et cela donne une certaine réalité.
Enfin, Marion Achard nous explique dans les dernières pages qu’elle était sur place au départ pour faire du cirque lorsqu’elle a rencontré ces enfants soldats. Elle a un regard de reporter, et même si elle ne parle pas d’un pays en particulier (il y en a malheureusement beaucoup en Afrique qui pourraient être le cadre de ce récit) elle a dû croiser ses personnages, ils sont réels. Et très attachants.
Éditeur : Delcourt – Scénario : Marion Achard – Dessin : Yann Dégruel – Date de parution : 22 août 2018 – 112 pages – Prix : 18,95 €