Autobiographie du mal écrit par Pavel Vilikovsky
Écrivain Slovaque, auteur d’une quinzaine de livres, Pavel Vilikovský (né à Paladuska en 1941) est un écrivain célèbre dans son pays. En 1997, les éditions Maurice Nadeau ont publié un cheval dans l’escalier, un roman sur le « mentir-vrai » écrit quelques mois avant la chute du communisme dans son pays. Autobiographie du mal (Vlastný životopis zla) a été publié en 2009 en Slovaquie.
Bratislava, Slovaquie, après le coup d’État communiste de février 1948. C’en est fini de la démocratie et du multipartisme, mais le pouvoir est encore loin de tout contrôler. Dušan, résistant contre le nazisme, membre du Parti démocrate – désormais hors la loi – a fui en Autriche, divisée alors en zones d’occupation. Mais la police secrète d’État (la StB) l’attire dans un guetapens et le déporte en Tchécoslovaquie. Au même moment, sa femme et ses deux fils sont kidnappés dans le cadre de l’Action bornes-frontière : une fausse frontière et un faux camp Américain pour émigrants, installés sur le territoire Tchécoslovaque, dans le massif de la Šumava. Ceux qui fuient le communisme y sont internés et, se croyant en territoire de liberté, se confient aux agents de la police secrète. Dušan, dont la police a décidé de se servir, sous l’identité de Jozef Karsten, est enfermé dans un appartement. Il est petit à petit amené à collaborer et à compromettre ses anciens camarades restés à Bratislava, pour sauver la vie de sa femme et de ses fils. En essayant de combattre le mal insidieux dans lequel il est plongé, il finit par adopter certaines méthodes du système. Entre ses persécuteurs et les assauts de sa conscience, Dušan s’identifiera-t-il à Karsten, son double involontaire ?
Pavel Vilikovsky est indéniablement un immense romancier. Certes, j’ai du me contenter de la traduction, mon Slovaque étant passablement rouillé. Mais, malgré cela, j’ai senti une verve indéniable et un sens de l’observation très aiguisé : les mots sont justes et forts. Ce roman évoque le passage d’une démocratie à une dictature, de la manière dont un homme bien peut passer du côté obscure de la force s’il est en danger ou pour sauver ses proches.
Le contexte historique me semble parfaitement bien rendu. Glaçant !
Éditeur : Maurice Nadeau – Prix public : 21 € – Traduit du Slovaque par Peter Brabenec – Date de parution : 08 mars 2018.