Dérivations écrit par Frederik T. Olsson

Frederik T. Olsson commence très jeune à écrire, avant de prendre la direction d’une troupe de théâtre. Après son installation à Stockholm, il devient auteur, scénariste et réalisateur. Séquence, son premier roman, paru chez Fleuve Éditions en 2015, est actuellement en cours d’adaptation au cinéma par Warner Bros. Dérivations est son deuxième roman.

Et si Internet pensait à la place de l’homme ?

Black-out. Une nuit, l’électricité est coupée dans une grande partie de la Suède. Stockholm est plongée dans le noir et livrée au chaos. Dans la foulée, plusieurs sites stratégiques subissent des attaques électroniques. Puis les assauts se répandent dans le monde entier. Le mathématicien et cyber-spécialiste William Sandberg est très vite désigné comme le principal suspect. Or William est un homme brisé : depuis la disparition de sa fille, son couple est au bord de l’implosion. Suspendu de ses fonctions au commandement de la Défense, il comprend que la seule façon de regagner sa crédibilité sera de trouver qui a véritablement commis ces crimes. De plus, il dispose d’une piste, car peu avant le black-out, il a reçu un mystérieux email. Une course contre la montre s’engage, pour restaurer son honneur et éviter que la société entière ne soit détruite…

Je ne partais pas forcément objective et impartiale en ouvrant ce (gros !) livre, puisque ma spécialité, c’est justement la littérature et le cinéma scandinaves, ainsi que tout ce qui touche de près ou de loin à la Scandinavie. Voilà pourquoi j’étais si enthousiaste à l’idée de parcourir Dérivations. D’ailleurs, j’ai été littéralement saisie et embarquée dans l’action dès les premiers mots de cette œuvre, qui me paraissait si prometteuse. Un black-out, sur fond de cyber terrorisme, une souffrance psychique caractérisant chaque personnage…bref, tout ce que j’aimais ! Une ambiance apocalyptique, du suspens. Oui, tout cela était vraiment synonyme d’un futur succès évident pour Dérivations. Avec une belle chronique à la clé. Pourtant, le titre de Fredrik T. Olsson porte bel et bien son nom. En effet, qu’est-ce qu’on a dérivé, pendant ces quelques jours d’action(s), racontés en… Plus de 800 pages ! Sincèrement, si la moitié des pages avaient été ôtées, je pense que ça n’aurait pas été un frein à une histoire prenante, à des personnages attachants, et à une ambiance vraiment « à la scandinave » : l’obscurité, sur fond de membres de familles perdus, de solitude.

Pas mal de thèmes qui sont assez redondants dans la littérature nordique moderne. Malgré cela, les méchants ne le sont pas assez, et l’anti-héros de cette histoire (non, il ne s’agit pas de William Sandberg, mais je ne spoile pas afin que vous puissiez tout de même lire cette œuvre !) est révélé bien malgré lui, mais ne m’a pas permis de trouver un attachement suffisant pour pouvoir me toucher. Oui, l’ambiance du thriller suédois est bien présente. Oui, les personnages sont bien torturés, à l’image des protagonistes souvent dépeints par nos amis scandinaves dans la littérature et les œuvres cinématographiques (ex : Lisbeth Salander dans la saga Millénium, Erlendur dans les œuvres d’Arnaldur Indriðason). Mais je n’ai malgré tout pas été entraînée dans cet univers à cheval entre la Suède et la Pologne, car pour moi, il manquait quelque chose. Une connexion ne s’est pas faite, si on veut ajouter un petit jeu de mots sympa qui parlera à tous les lecteurs de Dérivations et à tous les amateurs de « cybertechnologie ». De plus, la traduction et surtout la relecture finale semblent parfois bâclées, et les fautes d’orthographe présentes dans le texte, ainsi que la formulation de certains passages gâchent un peu plus notre récit vraiment prometteur, qui finalement ne l’est plus autant lorsqu’on referme cette œuvre, avec un goût amer en bouche.

Ainsi, je résumerais cette chronique en soulignant que Dérivations est une histoire certes originale, mais portée par des personnages dont le passé est trop exploité, au détriment de leur avenir, qui est incertain voire impossible pour presque tous à la fin de ce récit. Mais c’est un classique chez nos amis d’Europe du Nord d’exposer des personnages avec un futur inaccessible, voué à l’échec, que ce soit pour les relations amoureuses, sociales ou les perspectives professionnelles. Ceci étant dit, ce manque de perspective d’avenir pour l’après-Dérivations crée un réel déséquilibre et peut engendrer un malaise pour le lecteur non initié à ces thèmes pourtant récurrents en littérature scandinave. Alors, lecteurs, accrochez-vous, et lisez tout de même Dérivations, qui rien que pour l’histoire et la morale se cachant derrière, vaut quand même un peu le coup !

Éditeur : Fleuve Éditions – Date de parution : 08 juin 2017 – Traduit du Suédois par Carine Bruy – 816 pages – Prix : 21,90 €.

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