La boulangère du diable écrit par Hubert Huertas
La boulangère du diable écrit par Hubert Huertas : 100 ans de secrets.
L’exil et la quête1906, juste après le vote de la loi sur la laïcité. Dans le Haut-Bocage vendéen, un boulanger républicain est maudit par le curé de son village. Son crime ? Avoir hébergé dans sa grange, par un froid polaire, des soldats venus faire l’inventaire des biens de l’Église. Plus personne n’achètera son pain. Il en mourra et sa compagne s’enfuira en Algérie.Cent ans plus tard, son arrière-petite-fille, elle-même victime de la fureur islamiste en Algérie, arrive dans le même village pour reprendre la boulangerie. Des rumeurs l’accompagnent aussitôt, parce qu’elle est algérienne et que le village, derrière son maire, est très à cheval sur la laïcité. Mais elle n’est pas venue là par hasard. Depuis son enfance, sa grand-mère, qu’elle adorait, lui a parlé d’une histoire qui a marqué sa famille. Une famille vendéenne chassée de sa région natale au début du siècle, et dont l’arrière-grand-mère s’est réfugiée aux colonies .Jour après jour, avec l’aide d’un jeune clerc de notaire qui exhume des documents, la jeune femme replonge dans l’histoire tragique de son aïeul, que l’extrémisme catholique a conduit au suicide. Elle va lui rendre justice…À partir d’une histoire vraie, Hubert Huertas nous offre un roman à suspense, à la fois hymne à la vie et réquisitoire contre tous les fanatismes.
Dans ce roman, il y a des secrets de famille, du fanatisme religieux, la loi du silence, des traditions très bien ancrées… Même si cent ans se sont passés entre les deux événements, on peut constater que certaines choses ne changent pas vraiment notamment concernant la religion ou les difficultés d’évolution dans certains lieux. Il aborde le fanatisme religieux sans faire de distinction entre l’islamisme ou le catholicisme, toute religion a ses excès. On alterne entre passé et présente, entre l’histoire du boulanger et l’histoire de Nadia. La jeune femme cherche à connaitre la vérité sur son histoire, son cousin Jacques lui raconte tout ce qu’il sait. Ces révélations sont assez longues, comme un secret bien gardé, une histoire qu’on chuchote au coin du feu quand les autres dorment. Le rythme est lent, le suspense est présent, on attend à chaque instant que le cousin lâche des informations supplémentaires, que le clerc de notaire trouve des secrets cachés. On sent qu’il y a des manipulations dans la bonne société du village. Les habitants vivent avec le poids de leur silence, de ces histoires de famille. L’enquête que mène Nadia dérange, pousse les hautes sphères à vouloir l’exiler mais elle tient bon. Les personnages sont intéressants, décrits en détail en adéquation avec leur époque, on rencontre Clémenceau, Camus. J’ai particulièrement apprécié, en dehors de Nadia, le cousin Jacques, un homme intègre, bon. On sent sa réticence à remuer le passé mais il souhaite rétablir aussi la vérité, il se sent redevable également envers Nadia.
Éditeur : l’Archipel – 240 pages- Prix : 19 € – Date de parution : 12 juin 2019.