7 morts sur ordonnance au Théâtre Hébertot à Paris

Deux brillants chirurgiens disparaissent dans les mêmes conditions à 15 ans d’écart, victimes de manipulations sournoises d’un chef de clinique concurrencé par leur réussite. Pouvoir, argent et honneur sont au cœur de cette intrigue inspirée de faits réels qui se sont déroulés dans une grande ville de province. Fragilités, chantage et harcèlement… Comment ont-ils été précipités vers cette issue fatale ?

Le film de 1975 que l’on connaît s’inspire d’un tragique fait divers : le suicide à Reims le 18 septembre 1969 d’un chirurgien présentant des similitudes avec le suicide d’un autre de ses confrères survenu dans la même ville, le 23 mars 1952. Dans le cadre d’une histoire de cercle de jeux, ces deux chirurgiens rémois réputés qui ont en commun leur probité, sont victimes d’une campagne de calomnies et de chantage du puissant mandarin local dont ils écornaient la clientèle et le prestige. Ces pressions les poussent à abattre leur famille (le premier sa femme, le second sa femme et ses trois enfants) à coups de carabine puis à se suicider avec la même arme. Le personnage du Dr. Brézé joué par Charles Vanel ferait référence à Joseph Bouvier, éminent médecin et maire de Reims durant l’occupation Allemande. Partant de cette histoire vraie, le scénariste Georges Conchon s’est lancé dans un véritable travail d’enquête. Il s’est rendu à Reims, dans la ville même où avait eu lieu ce double suicide, et a fréquenté un bar où avaient coutume de se rencontrer les notables locaux, ceci afin de glaner un maximum d’informations qui pouvaient lui être utiles pour l’écriture du scénario.

Cette adaptation (peut-être un peu longue et dont l’action aurait pu être située de nos jours sans prendre sa puissance) du long-métrage (1975) basé sur de vrais faits divers est intéressante car je la trouve toujours d’actualité. L’histoire se situe en province où une famille bourgeoise se croit tout permis de par son statut social, sa richesse, etc. Mais, le pitch évoque avant tout le pouvoir et le harcèlement qui en découle lorsque le « haut placé » n’obtient pas ce qu’il souhaite immédiatement. Bien sûr, c’est psychologiquement très violent ! Mais, également sombre et agressif. De nos jours, le harcèlement (scolaire en particulier) se déroule sur les réseaux sociaux et non par téléphone. Mais, le principe écoeurant et dévastateur reste très similaire. Puisque le harceleur appuie exactement à l’endroit où cela blesse, s’attaque aux proches de son ennemis, ne recule devant rien … Jusqu’à l’issue fatale.

La mise en scène, les décors et le fond sonore renforce la froideur de la situation, son côté malsain et l’inhumanité de l’agresseur.

Cette pièce est donc pertinente et perturbante à la fois.

Du 29 janvier au 26 mai 2019 – Adaptation théâtrale Anne Bourgeois et Francis Lombrail – D’après le film réalisé par Jacques Rouffio (nommé au César 1976 du Meilleur Film) et le scénario original de Georges Conchon – Mise en scène : Anne Bourgeois – Avec Bruno Wolkowitch, Claude Aufaure, Valentin De Carbonnières, Jean-Philippe Puymartin, Julie Debazac, Francis Lombrail, Jean-Philippe Bêche et Bruno Paviot – Adapté pour la première fois au théâtre – Du mardi au samedi à 21h – Matinée dimanche à 15h30 – Durée : 1h50 – Carré or : 56 € – Catégorie 1 : 45 € – Catégorie 2 : 34 € – Catégorie 3 ; 26 € – Catégorie 4 : 15 € – Théâtre Hébertot : 78 bis boulevard des Batignolles 75017 Paris – www.theatrehebertot.com – Réservations du lundi au samedi de 11h à 18h et le dimanche de 11h à 17h au 01 43 87 23 23 ou tous les jours sur ici.

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