La Femme Rompue d’après Monologue, extrait de La Femme Rompue de Simone de Beauvoir au Théâtre Hébertot à Paris

La comédienne Josiane Balasko fait son retour sur les planches avec La femme rompue au Théâtre Hébertot à Paris. Un magnifique texte de Simone de Beauvoir sur la condition féminine.

La parole donnée à une femme qui, anéantie et déchirée, se venge par le monologue. Elle laisse jaillir sa rage, la douleur des souvenirs et son lot de culpabilité qui remontent à la surface. Seule, un soir de réveillon, quand tous les autres jouissent aveuglément de leur confort affectif et social, et que l’habitude de se taire n’est plus possible, elle peut enfin crier et s’opposer à cette violente idée du bonheur que nous impose le monde. Cette femme, c’est Josiane Balasko, « cette petite bonne femme franche intrépide intègre » comme dit Beauvoir. Une actrice rugueuse qui ne minaude pas pour séduire ni pour attirer la compassion. Une femme de caractère. Sans concession. « Une femme vraie, qui ne joue pas le jeu ». Bouleversante, elle cache sa sensibilité. Comme si baisser sa garde pouvait la fragiliser. Une partition sous forme d’autoportrait.

Dans un décor très sobre (juste un lit), souligné par un jeu de lumières des plus dépouillé, Josiane Balasko à l’élocution parfaite (en direct, on ne peut pas tricher) se présente seule en scène de manière géniale et charismatique. Le texte (1967), qui laisse perplexe au premier abord, évoque la solitude (si réelle dans notre société actuelle) et la place de la femme dans la société : son rôle de mère (comment le devient-on ? Le raport à la sienne, l’amour pour ses enfants). Le sujet est à la fois contemporain (sur la solitude) et un peu daté (de nos jours, une femme peut sortir sans compagnie masculine librement). Cela étant, écouter un écrit éblouissant, qui reste malgré tout tout à fait moderne dans sa généralité, est absolument jouissif. Le seul réel bémol reste dans la vulgarité et l’agressivité du propos qui peuvent troubler. Néanmoins, ces deux points se comprennent aisément : cette femme est dépressive (pour d’excellentes raisopns expliquées dans lé déroulement), se sent abandonnée, en veut à la terre entière. Il s’agit donc du reflet des sombres pensées de la protagonniste : cela reflète sa peur, sa colère. Ces mots l’empêche certainement de penser au suicide.

La Femme Rompue déroute incontestablement !

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D’après Monologue extrait de La Femme Rompue de Simone de Beauvoir – Avec Josiane Balasko – Mise en scène : Hélène Fillières – Lumières : Éric Soyer Costumes : Laurence Struz – Scénographie : Jérémy Streliski – Création musicale : Mako – Assistante à la mise en scène : Sandra Choquet – Du 15 février au 21 mars 2018 – Du mardi au samedi à 19h – Durée : 1h – Théâtre Hébertot : 78 bis boulevard des Batignolles 75017 Paris.

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